Le comparatif des cantons d’AutoScout24 montre où en est l’électromobilité en Suisse. Le canton de Zoug, en particulier, est à l’avant-garde : avec le taux de puissance électrique le plus élevé et une bonne infrastructure de recharge publique. Le canton de Bâle-Ville séduit à nouveau par un réseau de recharge dense. Et pour les personnes à la recherche d’une voiture électrique, c’est le canton de Zurich qui offre le plus grand choix. Le canton d’Uri, en revanche, fait figure de lanterne rouge à bien des égards.
Le nombre de véhicules électriques sur les routes suisses augmente chaque année. Fin septembre 2023, la part cumulée de véhicules électriques à batterie (BEV) parmi les nouvelles immatriculations était de 19,8 %.[1] Celle des véhicules à essence s’élève à 31,3 % et celle des véhicules diesel à 8,5 %.[2] Malgré le succès des voitures électriques, seulement 3,3 % des voitures particulières qui circulent sur les routes suisses sont purement électriques. En comparaison, les véhicules à essence représentent encore 62 % de l’ensemble du parc, tandis que les véhicules diesel en représentent 26,8 %.[3] « Cela montre bien que, malgré les progrès réalisés, la transition vers l’électromobilité totale est un marathon qui durera encore un certain temps », déclare Alberto Sanz de Lama, Managing Director chez AutoScout24.
Le canton de Zoug a une longueur d’avance, celui Uri fait office de lanterne rouge
En effet, une comparaison entre les cantons montre que la transition vers l’électromobilité progresse de manière très différente. Avec 6,8 %, le canton de Zoug présente la part de véhicules électriques la plus élevée du parc de véhicules particuliers et arrive ainsi en tête du classement cantonal. « Cela est parfois dû au fort pouvoir d’achat, et à l’infrastructure de recharge publique et privée plutôt développée dans cette région », explique M. Sanz de Lama. En effet, avec 155 bornes de recharge publiques pour 100 kilomètres carrés, le canton de Zoug est, là aussi, loin devant dans le classement cantonal. Peter Blass, consultant Data & Energy chez Swiss eMobility, ajoute : « Le fort pouvoir d’achat moyen et la bonne infrastructure de recharge ne sont toutefois pas les seules raisons. Après tout, les Zougois pourraient aussi bien acheter des véhicules à combustion onéreux. Au bout du compte, il s’agit d’un mélange de nombreux facteurs bienveillants et de personnes curieuses. » Dans les deux cas, le canton d’Uri est, en revanche, moins performant. Son taux de puissance électrique n’était que de 2,2 %, ce qui place le canton à la dernière place. En ce qui concerne le nombre de bornes de recharge publiques pour 100 kilomètres carrés, le canton d’Uri n’en compte que 10 et se classe donc parmi les trois derniers du classement cantonal.
Bâle-Ville dispose du réseau de recharge le plus dense
En ce qui concerne la densité des bornes de recharge, aucun autre canton ne surpasse Bâle-Ville. Avec 600 bornes de recharge publiques pour 100 kilomètres carrés, la ville-canton dispose du réseau de recharge le plus dense. Suit la ville-canton de Genève avec 233 bornes de recharge publiques. Mais les cantons de Berne, de Zurich et du Tessin rattrapent également leur retard, comme l’explique Marco Piffaretti, expert en électromobilité : « Ces trois cantons sont en bonne voie en ce qui concerne les mesures incitatives pour les boîtiers muraux, car ils soutiennent leur construction. Dans le Tessin, il existe par exemple une subvention cantonale de 1 200 francs pour des boîtiers muraux intelligents, qui disposent d’une gestion centralisée de la charge. » Avec 8 bornes de recharge pour 100 kilomètres carrés, c’est le canton du Jura qui fait office de lanterne rouge dans le classement des réseaux de recharge. Peter Grünenfelder, président d’Auto Suisse, n’est pas étonné que les villes-cantons soient en tête, comparativement, et que les cantons plutôt ruraux soient moins bien lotis : « Les cantons ruraux et, en soi, moins bien lotis financièrement, comme celui d’Uri et du Jura, ont beaucoup plus de mal à obtenir une bonne couverture. En effet, l’évolution est parallèle à celle du marché : là où beaucoup de voitures électriques circulent sur les routes, on investit plutôt dans l’infrastructure de recharge publique. Et leur mise en place est plus facile en zones urbaines, car les capacités correspondantes du réseau sont généralement disponibles sans gros aménagements. »
Zurich présente à la fois le plus de choix et le plus grand nombre de recherches
La différence ville-campagne est également perceptible en termes d’offre : seuls 112 véhicules ont fait l’objet d’annonces sur AutoScout24 entre janvier et septembre 2023 dans le canton d’Uri, seuls les cantons de Nidwald et d’Appenzell Rhodes-Extérieures présentaient une offre encore plus faible avec respectivement 110 et 48 véhicules électriques. En revanche, le canton de Zurich proposait un plus grand nombre d’offres. Au cours des neuf premiers mois de cette année, plus de 6 700 véhicules électriques étaient disponibles sur AutoScout24. Il s’agit également du canton qui enregistre le plus de recherches de voitures électriques sur AutoScout24. Les Bernois, Vaudois et Saint-Gallois eux aussi recherchent activement des véhicules électriques sur la plateforme. Les cantons de Saint-Gall et d’Argovie présentaient également une offre importante avec respectivement 4 300 et 3 800 annonces de voitures électriques.
Patchwork de mesures d’encouragement – un appel à la politique
La raison de ces grandes différences est que chaque canton, parfois même chaque commune ou ville, encourage plus ou moins l’achat de voitures électriques et le développement de l’infrastructure de recharge. « De notre point de vue, il serait plus judicieux d’harmoniser le mode de calcul des impôts. Ensuite, chaque canton pourrait définir le montant à l’aide d’un facteur et également un éventuel rabais sur les voitures électriques. Cependant, de nombreux cantons refusent de se laisser persuader, ce qui rend quasiment impossible une demande à l’échelle nationale avec d’éventuelles remises pour les voitures électriques de la part des importateurs », explique Peter Grünenfelder. Pour Alberto Sanz de Lama aussi, il est clair que seule une stratégie convaincante à l’échelle de la Suisse permettra de réaliser la transition vers une électromobilité totale. Il voit surtout du potentiel dans la promotion de l’infrastructure de recharge à domicile : « La Suisse est un pays de locataires. Et les locataires ne bénéficient actuellement d’aucun droit à la recharge à domicile. Ils ne peuvent souvent pas décider librement de l’installation d’une borne de recharge, mais dépendent du bon vouloir des bailleurs. »
Base des données
Les informations sur la part des voitures électriques dans chaque canton proviennent de l’Office fédéral de la statistique. Pour calculer le nombre de bornes de recharge publiques pour 100 kilomètres carrés par canton, la surface en kilomètres carrés a été calculée à partir du nombre de bornes de recharge publiques. Les informations sur les bornes de recharge publiques proviennent de l’Office fédéral de la statistique. Pour les données relatives aux offres, le nombre de voitures purement électriques (BEV) ayant fait l’objet d’annonces sur autoscout24.ch a été calculé entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023. Les données relatives aux offres ont ensuite été ventilées entre les cantons. En outre, les recherches effectuées par les utilisateurs sur autoscout24.ch entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023 spécifiquement en fonction du type de carburant « électrique » ont été réparties par canton.
Sources
[1]Source : auto suisse
[2]Source : Statista
[3] Source : Office fédéral de la statistique, véhicules routiers – parc, degré de motorisation